Rapport annuel intégré 2023

L'innovation au service de la durabilité

ENTRETIEN CROISÉ AVEC SCHNEIDER ELECTRIC

L’INNOVATION AU SERVICE DE LA DURABILITÉ

Peter Herweck, Directeur général de Schneider Electric, et Aiman Ezzat, Directeur général de Capgemini, ont échangé leurs points de vue lors du Forum économique mondial qui s’est tenu à Davos (Suisse) en janvier 2024.

Lorsque l’innovation technologique se met au service de la RSE, des progrès révolutionnaires sont à prévoir. Parce qu’elle permet de répondre aux enjeux environnementaux et contribue au mieux- être économique et social, cette synergie marque en effet les prémices d’un avenir plus résilient. Partenaires de longue date, Schneider Electric et Capgemini étudient ensemble les nombreux avantages de cette double transition à fort potentiel de création de valeur. Comment l’intégrer dans la stratégie de l’entreprise et en évaluer les performances ? Peter Herweck, Directeur général de Schneider Electric, et Aiman Ezzat, Directeur général de Capgemini, ont réfléchi à la question lors du Forum économique mondial qui s’est tenu à Davos (Suisse) en janvier 2024.

En tant qu’entreprise, comment allier transformation durable et transformation digitale ?

PETER HERWECK : Le développement durable est omniprésent dans l’entreprise. Électrification, digitalisation : l’un ne va pas sans l’autre. Pour avancer, une entreprise doit d’abord commencer par mesurer en toute transparence sa consommation d’électricité, sa consommation d’eau et son empreinte carbone. Alors seulement la technologie entre en jeu. 80 % des émissions de CO2 sont liées à notre consommation d’énergie. Or, il existe aujourd’hui des outils qui permettent de les réduire de 70 %. Alors, pourquoi attendre ?

AIMAN EZZAT : Les deux sont indissociables. En intégrant le digital dans leurs opérations, de la phase de développement à la fabrication et l’utilisation des produits, les entreprises accèdent à d’énormes quantités de données qu’elles peuvent exploiter en temps réel pour gagner en efficacité, en résilience et en durabilité. In fine, la transformation durable et la transformation digitale sont tributaires l’une de l’autre et présentent des similitudes, que ce soit l’ampleur de leurs répercussions, leur impact sur les modèles économiques, la diversité des parties prenantes impliquées ou encore la nécessité d’un écosystème, sans oublier évidemment l’urgence de leur mise en œuvre.

Face à l’importance croissante des objectifs de développement durable, comment expliquez- vous que les actions de sensibilisation, la motivation et les investissements ne soient  pas les mêmes d’une entreprise à l’autre ?

A. E. : Une sensibilisation continue est de mise pour mettre tout le monde au diapason. En 2022, Capgemini a ouvert les portes de son Sustainability Campus dans le but de former l’ensemble de ses 340 000 collaborateurs sur le sujet. D’autres pourraient s’en inspirer, car les impératifs sont les mêmes pour tous. Nous sommes aujourd’hui à un tournant et il y a une réelle volonté d’agir. La donne a changé ces deux dernières années. Le développement durable n’est plus perçu comme un poste de coûts, il est désormais considéré comme un investissement sur l'avenir(1).

À présent que la RSE fait partie intégrante de la stratégie d’entreprise, comment faites-vous  pour contenter à la fois les actionnaires et les autres parties prenantes ?

P. H. : Il est tout à fait possible de satisfaire tout le monde. De nombreux exemples le prouvent. Quel que soit votre secteur d’activité, vous pouvez parfaitement mettre en place un modèle durable et vous assurer un retour sur investissement en deux ou trois ans. Me vient en tête l’exemple d’un hôtel français vieux de 600 ans qui a entrepris de suivre sa consommation d’énergie chambre par chambre, heure par heure. En un an, il est parvenu à la réduire de 15 % grâce au déploiement d’une technologie dédiée. À Singapour, la société pharmaceutique Takeda a intégré des solutions numériques à sa production pour mieux comprendre ses dépenses énergétiques. Après avoir installé des panneaux solaires sur le toit, elle est devenue sa propre source d’énergie et a atteint la neutralité carbone. Il ne s’agit donc pas seulement de sauver la planète mais aussi de mettre au point unmodèle économique durable et créateur de valeur à très court terme.